lundi 7 mai 2012

Presse




Aux crayons, citoyens...
Par Meyssem Marrouki


Enfin, une grande manifestation dédiée à la caricature et au dessin de presse, fraîchement reconquis sous nos cieux... Il était temps que l’on s’y mette aussi, pour de bon, sans complaisance aucune, et qu’on mette l’accent sur les progénitures de ces maîtres du crayon et de la phrase acidulés, ces titilleurs de l’actualité. Ainsi, et dans ce sens, a été lancée la première édition du salon «Tunisie Caricature 2012» le 2 mai 2012 à l’espace Sophonisbe (Carthage). Organisé par l’Olpec (Observatoire pour la Liberté de Presse, d’Edition et de Création en Tunisie) ce rendez-vous vient marquer la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse en Tunisie.
Des ateliers et des rencontres ont été prévus à la veille de l’ouverture officielle du salon qui s’est faite notamment en présence de Sylvie Coudray, chef de section communication à l’Unesco et de Bro Russel, président du réseau international des droits de caricaturistes (Crni). Ce rendez-vous est aussi une occasion d’ encourager les jeunes caricaturistes en leur permettant de rencontrer leurs aînés , d’apporter une certaine visibilité à leurs travaux et de les confronter à d’autres expériences. Un prix jeune a été ainsi remis aux meilleurs d’entre eux.
Le grand présent de ce salon est, sans conteste, Ali Dilem (premier Algérien à avoir caricaturé son président de la République) qui, avec son parcours exceptionnel et unique, a brillé par l’acuité de son propos et de ses dessins. Le caricaturiste, d’origine kabyle, s’est longtemps attiré les foudres de la censure, cumulant procès — amendes, dans les meilleurs des cas — et menaces de mort à répétition, mais n’a pas fléchi pour autant et a choisi de continuer à publier. Son coup de crayon inimitable et l’intelligence de son humour sont visibles à travers les cinq planches qu’il réédite à cette occasion. Inspirés directement de la révolte tunisienne, ces dessins mettent l’accent, entre autres, sur l’argent dérobé par les Ben Ali en illustrant leur dernier «vol». Une caricature du tunisien ordinaire, «chéchia» sur la tête, tenant fièrement le drapeau national et affligé d’une fleur de jasmin qui lui colle à la peau, annonce que suite à la fuite des Ben Ali, le peuple tunisien se voit soulagé...d’une tonne et demie d’or!

Ces dessins ne sont visiblement pas très récents, car Dilem croque dans toutes les actualités, celles de son pays surtout (le quotidien algérien, Liberté...). D’ailleurs c’est plus que normal de savoir qu’il échangera de crayon en janvier prochain, avec le caricaturiste vedette du journal Le Monde Plantu, pour dessiner pendant 15 jours chacun pour les quotidiens habituellement réservés à l’autre.
Son compatriote, non moins connu et tout autant inspiré, «Le Hic», était également de la partie en croquant à sa manière le printemps arabe qui annonce, entre autres, le retour de la pensée unique dans le monde arabe...celle des «dégage» collectifs, selon lui.
La salon a vu également la participation de l’Egyptien Amer Selim, du Français Frédéric Lardon et du Jordanien Jalal Al Rifaï.
Côté tunisien, nos brillants dessinateurs ont sorti la grande artillerie creusant de leurs crayons, de plus en plus, cet espace de liberté nouvellement reconquis à coups de grands sacrifices qui font que tous les Tunisiens puissent, en quelque sorte, en profiter aujourd’hui
Ils sont Adel Houri, Adenov, Bassem Kahouach, Chedly Belkhamsa, Chekib Daoud, Imed Ben Hamida, Nidhal Ghariani, Lotfi Ben Sassi, Tawfiq Omrane, Yassine Ellil, Zied Mejri à signer de leurs dessins cette première édition de «Tunisie Caricature 2012».
Une caricature ne se raconte pas, mais se donne à voir et se vit... Et même si l’on a raté la rencontre de ces différents auteurs, il reste la rencontre de leurs dessins, jusqu’au 13 mai 2012.

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